MAURICE RAVEL
« Je me refuse simplement, mais absolument à confondre la conscience de l’artiste, qui est une chose, avec sa sincérité, qui en est une autre [...]. Cette conscience exige que nous développions en nous le bon ouvrier. Mon objectif est donc la perfection technique. Je puis y tendre sans cesse, puisque je suis assuré de ne jamais l’atteindre. L’important est d’en approcher toujours davantage. L’art, sans doute, a d’autres effets, mais l’artiste, à mon gré, ne doit pas avoir d’autre but. »Ravel, Esquisse autobiographique, 1928
Saint Jean-de-Luz - 1902 |
Maurice Ravel est né le 7 mars 1875 à Ciboure. Son
père, Joseph Ravel, d'ascendance suisse et savoyarde, était un
ingénieur renommé et sa mère, Marie Delouart-Ravel, était basque.
En juin 1875, la famille Ravel se fixa définitivement à Paris.
La légende, qui veut que l’influence de l’Espagne
sur l’imaginaire musical de Maurice Ravel soit liée à ses
origines basques est exagérée, d’autant qu'il ne retourna pas au
Pays basque avant l’âge de vingt-cinq ans. En revanche, il revint
régulièrement par la suite séjourner à Saint-Jean-de-Luz pour y
passer des vacances ou pour travailler.
L’enfance de Ravel fut heureuse. Ses parents, attentionnés et cultivés, surent très tôt éveiller son don musical et encourager ses premiers pas. Le petit Maurice commença l’étude du piano à six ans : « Tout enfant, j’étais sensible à la musique, à toute espèce de musique. Mon père, beaucoup plus instruit dans cet art que ne le sont la plupart des amateurs, sut développer mes goûts et de bonne heure stimuler mon zèle ».
Conservatoire de Paris, vers 1895 |
Entré au Conservatoire de Paris en 1889, Ravel fut l'élève de Charles de Bériot et se lia d'amitié avec le pianiste espagnol Ricardo Viñes, qui devint son interprète attitré. Enthousiasmé par la musique de Chabrier et de Satie, admirateur de Mozart, Saint-Saëns, Debussy et du groupe des Cinq, influencé par Baudelaire, Poe, Condillac, Villiers de L'Isle-Adam et surtout Mallarmé, Ravel manifesta précocement un caractère affirmé et un esprit musical très indépendant.
En 1897, Ravel entra dans la classe de contrepoint d'André Gedalge, et Gabriel Fauré devint son professeur de composition. Fauré jugea le compositeur avec bienveillance, saluant « un très bon élève, laborieux et ponctuel » et une « nature musicale très éprise de nouveauté, avec une sincérité désarmante ». Les deux artistes devaient se vouer leur vie durant une grande estime réciproque.