09/06/2016

VOYAGE AU PAYS BASQUE


Jeudi 9 juin
Biarritz
Se rassembler sur le lieu de notre rendez-vous à Biarritz n’a pas été chose facile ; le parking rare et ce diable de rocher disposent de plusieurs facettes et de plusieurs zones ombragées propices à un bon pique-nique. Bref, grâce aux téléphones portables, dignes successeurs des tam-tam africains ou des feux de fumée des Amérindiens, tout est rentré dans l’ordre et nous avons pu faire, le ventre plein, une visite guidée par Cathy aidée de Diana…

Nous sommes partis à la découverte des origines, de l’histoire et de l’architecture de cet ancien village de pêcheurs devenu un endroit à la mode par la volonté de Napoléon III et de sa belle épouse Eugénie. Le célèbre “Rocher de la Vierge”, l’architecture étrange de la villa Belza, le port vieux qui comporte quelques traces du passé : les crampottes ces jolies maisonnettes de pêcheurs blanches aux toits en tuiles oranges et aux volets rouges, bleus, verts...
Pour visiter Biarritz autour des 2 axes, son panorama et son architecture, Cathy avait préparé toute une série d'informations sur cette ville qu'elle connait bien et dont les habitants s’appellent les Biarrots (Miarriztars en basque). En voici quelques extraits et un diaporama :
Du Moyen Age jusqu’au milieu du XVIIe siècle, Biarritz est un petit port dont les pêcheurs sont renommés pour leur habileté à harponner les baleines. Dès le milieu du XIXe siècle, il devient un lieu de villégiature de nombreuses personnalités comme Victor Hugo en 1843, charmé par « ce village blanc à toits roux et à contrevents verts posé sur des croupes de gazon ».
En 1854, Eugénie de Montijo, qui y avait séjourné durant son enfance, s’y installe après son mariage avec Napoléon III. Construction de la « Villa Eugénie » en 1855, devenue l’Hôtel du Palais. Le couple y viendra jusqu’en 1868. Biarritz, mondialement connue, attire de nombreuses personnalités : les Rois de Wurtenberg, de Belgique et du Portugal, les princes russes, polonais et roumains, les Grands d’Espagne, les Lords anglais. On y croise également des auteurs (Flaubert, Stendhal, Alexandre Dumas fils, Zola), des hommes politiques (Sadi Carnot, R. Poincaré, G. Clémenceau, J. Ferry). 
En 1888, les anglais donnent à Biarritz son 1er golf « Le golf du phare » où vient jouer régulièrement le Prince de Galles, futur Edouard VII. Deux Casinos sont construits, ce qui donne à Sarah Berhardt et à Lucien Guitry l’occasion de se produire devant un parterre mondain. Les années folles attirent : Rostand, Ravel, Stravinski, Loti, Cocteau, Hemingway, Coco Chanel, Sacha Guitry, Charlie Chaplin, Picasso…

Après 1945, le gotha continue à venir : Farouk d’Egypte, Michel de Roumanie, Pierre de Yougoslavie, Rita Hayworth et l’Aga Khan, Frank Sinatra, Gay Cooper, Bing Crosby… En 1957, Biarritz est la première ville d’Europe à découvrir le Surf grâce à l’américain Peter Viertel (scénariste, époux de Debora Kerr). Entre les prises de « Le soleil se lève aussi », il fait du surf, sport alors inconnu en France. En 1979, Louison Bobet ouvre son Centre de Thalassothérapie, l’un des 1ers en France.

Biarritz continue à jouir d’une renommée internationale tant dans le domaine des loisirs : golf (depuis 1991, jumelée avec la Capitale mondiale du golf d’Augusta en Géorgie), surf, thalasso, Cesta Punta (pelote basque) que dans celui du tourisme d’affaires : forums, séminaires, festivals (danse, ciné d’Amérique Latine). l’équipe de Rugby a été championne de France en 2002-2005-2006.
Inscrire ses pas dans ceux des célébrités et les têtes couronnées : Charlie Chaplin, Douglas Fairbanks, Sara Bernardt, Sacha Guitry, Picasso, Kipling, Churchill… un beau démarrage pour notre voyage !
Le port Vieux avec, dos à la mer, la Villa Belza. Son nom « Belza » (noir, en basque) et son allure en firent le lieu de tous les fantasmes des amateurs d’ésotérisme et de sorcellerie, avant que, louée en 1923 par le beau-frère d’Igor Stravinski, elle ne devienne sous le nom de “château basque” un cabaret russe réputé. Villa de style éclectique avec une tourelle circulaire (ajoutée ultérieurement par Raymond Larrebat Tudor), bâtie en 1880 par l’architecte Alphonse Bertrand ; une tour carrée flanquée d’une poivrière et d’un jeu de terrasses. Aujourd’hui, c'est une copropriété. De l’angle de la maison, on voit la falaise de la Côte des Basques : nom donné à un pèlerinage pour un bain collectif des basques venus de l’intérieur des terres, le dimanche après le 15 août ou le 2ème dimanche de septembre. Dans le prolongement, se trouvent les plages de Marbella et Milady.
             


La plage du Port Vieux, plage familiale car abritée entre deux bras de rochers. Repère des « Ours blancs », club devenu mythique : les nageurs, courageux et passionnés se baignent par tous les temps toute l’année. Jusqu’au XVIIe siècle, c'est un centre d’activité, la pêche à la baleine. Le sceau de la ville en 1351 : baleine pourchassée par une barque montée par un barreur, 32 rameurs et un harponneur prêt à lancer son arme. Ici on amenait les baleines pour les dépecer, tout était utilisé : la chair mise au saloir, la graisse, le foie, la langue, les fanons, les os pour les charpentes des cabanes de pêcheurs, les vertèbres pour les sièges d’escabeaux, les clôtures de jardin, les chevrons pour les toitures. A partir de 1267, les pêcheurs étaient astreints sous peine de péché mortel, à la dîme des baleines (balenats et caverats) en faveur des chanoines de la Cathédrale de Bayonne qui prélevaient les meilleures parties du cétacé : langue et gras, sans y faire entrer le maigre, la tête, la queue ni les ailes.

La villa « Le Goéland », dos à la plage, un bâtiment phare de Biarritz, construite au XIXe siècle. Transformée et surélevée en 1903-1904 par l’architecte parisien Gaston Ernest qui ajouta des tourelles d’angle. Caractéristique des maisons d’ici : en pierre de Bidache, localité dont elle est extraite, à 30 km de Bayonne. Parement varié : pierre de taille, moellons piqués ou bouchardés, moellons d’assise, imitations en ciment. Cette maison est également en briques et pans de bois, ceinte d’un jardin en terrasse reposant sur un mur très haut imposé par le dénivelé de la falaise et fermé par un majestueux portail de bois.

En route vers le Rocher de la Vierge... En 1863, Napoléon III fit creuser ce rocher entouré d’écueils et relié à la falaise, à l’origine par un pont de bois, aujourd’hui passerelle métallique des ateliers d’Eiffel. Par gros temps, c’est inaccessible. La statue immaculée de la Vierge est la protectrice des marins.

Le Musée de la Mer, en face, est né dans les années 1930 (aquarium, galerie des cétacés, galerie d’ornithologie). Terrasse avec vue plongeante sur le Rocher et un panorama embrassant la côte depuis sa partie landaise jusqu’au Cap Machichaco.

Le Plateau de l’Atalaye (« Atalaya » en espagnol – promontoire, poste de guet) sur lequel s’élevait une tourelle d’où les pêcheurs guettaient l’arrivée des baleines : des feux y étaient allumés pour les annoncer.

Le Port des Pêcheurs, coincé entre le Rocher du Basta et l’Atalaye. On y découvre les fameuses « crampottes » où les pêcheurs rangent leurs filets. Des restaurants s'y sont rajoutés.

La Place Sainte Eugénie et son église : au XIXe siècle, c’était une chapelle. L’église actuelle date de 1905. On y découvre un bel orgue, primé à l’exposition universelle de 1900. La fleur préférée d’Eugénie, l’hortensia, figure dans les vitraux de l’église.

Le casino Le Bellevue construit en 1887, maintenant salle de Congrès et d’expositions, Style Art déco.
Le casino Le Municipal construit en 1858. premier établissement de bains de style mauresque. En 1901, à l'occasion de travaux de rénovation est rajouté un théâtre. En 1929, l’architecte Alfred Laulhé reconstruit le casino.

L’Hôtel du Palais, ex « Villa Eugénie », construite en 1855 et qui a brûlé en 1903. L’actuel date de 1904-1905, construit par l'architecte Edouard Niemans (« Le Négresco » à Nice).

La promenade s’achève par des détails architecturaux très divers : la Place Clémenceau et son architecture rétro, l'avenue Maréchal Foch avec le cinéma Le Royal et sa façade avec des garde-corps à motifs de rideaux et de masques, symbolique théâtrale, construit en 1929 par l'architecte Pierre Fonterme.

 Saint-Jean-de-Luz

Diana, qui avait beaucoup potassé le sujet, a joué à merveille son rôle de guide.

À l’origine modeste bourgade sur les dunes, entre mer et marais, à l’entrée de l’estuaire de la Nivelle, c’est la pêche (au XVe siècle, les pêcheurs basques du port de Saint-Jean-de-Luz explorèrent les premiers les bancs de Terre-Neuve) et la chasse à la baleine qui accrurent considérablement la prospérité de la commune. Du XVIe au XVIIIe siècle, la ville devint un nid de corsaires qui combattaient pour le compte du roi de France.

Saint-Jean-de-Luz (en basque Donibane Lohizune) connut également son heure de gloire lorsque, à l’issue du traité des Pyrénées, Louis XIV vint y épouser Marie-Thérèse d’Autriche infante d’Espagne le 9 juin 1660.


 

Au cours de notre visite dans l’église Saint-Jean-Baptiste nous avons pu admirer le magnifique retable du XVIIe siècle en bois doré, le plus monumental du Pays basque, et retrouver le souvenir du mariage d’un roi de France. 







Le temps idéalement ensoleillé après de longs jours de pluie a largement contribué à rendre notre balade la plus agréable possible. Il faisait bon déambuler dans les rues d’une ville bien vivante mais pas encore envahie par les hordes de touristes.




 St-Jean-Pied-de-Port : le VVF « Village Garazi »

La route que nous avons suivie pour rejoindre le lieu de notre gîte nous a permis de découvrir un autre visage du Pays basque, rural et ancré dans les montagnes, aux antipodes de l’apparence perçue sur la côte. À chaque virage apparaissait l’ombre tutélaire de la Rhune, chargée d’histoire, successivement fréquentée par les chasseurs du néolithique, pasteurs, charbonniers, bûcherons, chasseurs, tailleurs de pierre, ermites et contrebandiers… 

Au bout de la route, nous avons découvert notre gîte VVF, lieu de calme avec un paysage grandiose, où nous avons été accueillis avec gentillesse et efficacité. Un bon repas typiquement basque nous a redonné quelques forces, juste assez pour rejoindre nos chambres, mais sans pouvoir dérouler la soirée initialement prévue et remise au lendemain.


Vendredi 10 juin

Un convivial petit déjeuner pris dans la salle à manger du VVF face aux montagnes hélas largement embrumées de nuages qui n’allaient pas tarder à gâcher le beau temps de la veille.

Espelette

Rendez-vous au village d’Espelette où nous avons eu une visite guidée de la chocolaterie Antton (prononcer « antion » si vous voulez donner le change et passer pour un vrai basque...)
Nous avons appris que l’histoire du chocolat au Pays basque est une conséquence de l’immigration (celle des juifs chassés de l’Espagne très trop ? catholique) ; encore une preuve que le brassage des peuples et des cultures peut être porteur de bonnes choses ; et quand je dis bonnes, je devrais dire délicieuses. La dégustation a été un grand moment pour nos papilles et a pimenté notre excursion.
 
Visite apéritive d’Espelette qui peut être, selon la fréquentation, un vrai village typique basque ou un piège grouillant de touristes ; fort heureusement, dans notre cas, la saison pas encore avancée et le temps maussade nous ont prémunis de la seconde situation.  



Le repas au restaurant Euzkadi a tenu ses promesses. Une belle et grande salle rien que pour nous, un personnel attentionné et surtout des petits plats appréciés par tous…

Bayonne


La visite de la ville a été pour tous un grand moment grâce à notre guide Andy – néozélandais – dont le discours émaillé de détails et d’anecdotes ainsi qu’un accent inimitable a su avec bonheur retracer plusieurs siècles d’histoire bayonnaise qui commence dès l’Antiquité, lorsque les Romains y installent un camp de garnison qu’ils baptisent « Lapurdum ». C’est au Xe siècle que la ville prend définitivement le nom de Baïona (bonne rivière en basque).

 


En 1152, le destin de Bayonne bascule quand Aliénor, duchesse d’Aquitaine, épouse Henri Plantagenêt, roi d’Angleterre. C’est le début d’un âge d’or qui va durer presque trois siècles. Le port devient une base commerciale de premier ordre entre la France et l’Angleterre. La paix avec l’Espagne signée en 1659, conduit néanmoins Louis XIV et Vauban à fortifier la ville en y construisant un fort et une citadelle. Dès lors, l’identité de place forte sera inexorablement associée à la ville.




Nos déambulations nous ont conduits aux Remparts, à la cathédrale Sainte-Marie, la rue Port Neuf, témoins du passé portuaire du vieux Bayonne et propice à la flânerie, si nous avions eu beau temps.

Le repas au gîte VVF a été suivi d’un quiz sur le Pays basque préparé par Diana, Cathy et Patrick qui nous a fait passer un bon moment convivial tout en complétant nos nouvelles connaissances de l’histoire, des traditions et des arts.



Samedi 11 juin

Peu engageant le temps de ce samedi matin ; mais sur le chemin de Saint-Jacques, on dit que « Pluie du matin n’arrête pas le pèlerin » et nous n’avons pas fait mentir ce dicton.

St-Jean-Pied-de-Port 

 

Seul grand passage vers la péninsule Ibérique emprunté par les Barbares, Germains, Wisigoths, cavaliers Maures, Charlemagne et ses Francs et maintenant par les hordes de pèlerins en marche vers le « champ de l’étoile ». Au Moyen Âge, la ville a connu les vicissitudes du royaume de Navarre né d’une alliance entre les musulmans et les chrétiens qui ont désobéi à l’autorité religieuse pour défendre leur indépendance nationale.

« La Navarre : Palestine des Pyrénées » : l’été 1512, la grande armée de Castille a pénétré dans un royaume organisé et structuré qui avait traversé sept siècles d’histoire. Les Castillans ont occupé un territoire et chassé les souverains qui y régnaient. En 1530, Charles Quint abandonne (trop cher à conserver) Saint-Jean-Pied-de-Port à Henri II de Navarre, et en détruit le château. La partie nord du territoire devient alors la Basse-Navarre ; c’est pourquoi Henri IV, lorsqu’il accède au trône, se fait appeler roi de France et de Navarre…

Pendant le grand schisme d’Occident, Saint-Jean-Pied-de-Port fut le siège de l’évêque de Bayonne relevant du pape d’Avignon, tandis qu’à Bayonne siégeait l’évêque relevant de celui de Rome.



La visite de la ville nous a permis de constater l’importance du pèlerinage sur la vie économique ; gîtes, restaurants, boutiques de souvenirs et d’objets indispensables aux marcheurs. Tout est fait de façon à délester le pèlerin de quelques euros de façon à lui alléger la route de Roncevaux.


Les Aldudes

Visite et Sentier pédagogique sur l’élevage du porc basque


Pierre Oteiza découvre, à l’occasion du salon de l’Agriculture de Paris, les derniers spécimens d’une race locale de porcs : le porc pie noir du Pays basque. Il décide d’en acheter deux pour les ramener aux Aldudes, avec un désir d’observer son comportement en montagne et de voir sa production relancée localement. Voici le début d’une « Success Story » à la française, dans la droite ligne des grands capitaines d’industrie même si Pierre Oteiza n’a pas le look de Steve Jobs (Apple) ou Mark Zuckerberg (Facebook). 

 
Attendris par les petits porcelets et leurs mamans nous sommes restés de longs moments à les regarder s’ébattre dans les enclos avant… d’aller les déguster en jambons, saucisses et pâtés. Un vrai moment de convivialité autour des bons produits, arrosés d’un Irouleguy local. 



Une courte promenade dans les collines avoisinantes nous a donné une vision encore différente de ce Pays basque : prés, landes de fougères et même quelques « pottocks » entre aperçus. 



Larceveau

« Le Centre d’Interprétation des stèles du Pays basque », qui nous a donné quelques clefs pour lever un peu le voile de mystère qui entoure les origines et les traditions d’Euzkadi, est le résultat d’un travail de collecte mené par l’association Lauburu (croix basque).

Notre guide nous a révélé quelques-unes des traditions qui semblent encore bien ancrées dans la vie quotidienne des Basques et même des plus jeunes… :

  • La maison basque (etxe) s’identifie volontiers à la famille (notamment par le nom porté) et son héritier a le devoir de transmission aux générations suivantes.
  • Les sépultures des maisons (ou jarleku) font partie intégrante de cet héritage et sont le domaine des femmes. Les hommes assistent à l’office du haut des balcons, spectateurs du drame orchestré par les femmes qui veillent sur les morts de la maison.
  • Chaque maison possède un chemin utilisé pour conduire le mort au cimetière, le hilbide, qui assure la continuité entre la demeure des vivants et des morts.
Nous avons pris le verre de l’amitié dans un bar de Larceveau avant de nous séparer et reprendre la route vers Colomiers.

 ~ Photos de Maryse et Cathy ~