08/01/2016

HISTOIRE DE L'AVIATION EN PAYS TOULOUSAIN


La vocation aéronautique et spatiale de Midi-Pyrénées ne tient pas du hasard. L’épopée des avions a débuté ici, et Toulouse et sa région en sont ensuite naturellement devenues le principal pôle européen. L’exposé de Michel a redonné « souffle et vie » pour notre soirée, à tous ces pionniers qui ont permis à Toulouse d’être cette terre d’envol dont nous sommes fiers.

Place du Capitole - 14 juillet 1892
Les origines de cette aventure sont multiples et complexes à définir, un peu à l’image des sources de notre Garonne... Pour certains, ce sont les ascensions en ballons sur la place du Capitole : en 1784, une Montgolfière y prend son essor et le 14 juillet 1892 le capitaine Armand y effectue un « décollage » –  des courses pendant lesquelles s’affrontent cyclistes et dirigeables y sont organisées...
 





Pour d’autres — et en particulier pour ceux de Muret — 
c’est certain, Clément Ader est le père de l’aéronautique. 
Premier avion au monde ayant réussi un décollage du sol avec un pilote à bord.
L’Eole, son drôle d’engin copié sur les ailes de la chauve-souris (une Roussette des Indes qui n’en a pas tiré le moindre centime) avec une armature en bois recouverte de soie élastique, doté d’un moteur à vapeur (20 CV) et d’hélices en bambou, ne réussira pas à parcourir plus de 50 m dans les airs ; mais Clément Ader va lui donner un nom qui va faire date : “l’avion”... C’est lui qui va s’inscrire dans l’Histoire au grand dépit des Frères Wright.
 





L’aviation rentre alors dans la vie des Toulousains par le spectacle 
un peu à l’image des jeux du cirque, on y venait applaudir les héros.
Atterrissage de Morin sur Blériot, venant de Pau – 216 km en 2 h.

En 1910, le terrain du Polygone, près de la Cartoucherie sur l’avenue de Grande-Bretagne, est le lieu sur lequel des concours d’aviation sont donnés. Le gagnant cette année-là (seulement six concurrents) est le seul qui reste en l’air pendant 7 min, exploit un peu dérisoire si on le compare à nos voyages actuels.




Quelques années plus tard, les hasards de la guerre décident, 
toujours à Toulouse, de la passion d’un jeune chef d’entreprise...

En 1917, Pierre-Georges Latécoère (natif de Bagnères-de-Bigorre où l'usine familiale produit des wagons) construit une usine à Montaudran et la même année l’armée française lui commande 1 000 avions biplaces d’observation Salmson 2A2. A la fin de la guerre, le 11 novembre 1918, il en aura fabriqué 800 et livré 600 (sortie de chaîne 6 appareils par jour). Pour lui et l’un de ses ingénieurs, Emile Dewoitine, c’est le début d’une extraordinaire aventure.
Le Salmson 2A2




Mais au lendemain du conflit de 14-18, les deux hommes devinent qu’il est aussi un formidable moyen de transport et qu'avec l’arrêt du conflit beaucoup de machines sont laissées au sol et des fous volants privés d’ailes… Ce qui fait naitre l’idée d’une ligne régulière exploitée au départ de la France. C’est l’incroyable aventure de l’Aéropostale, indissociable des noms de Didier Daurat, Jean Mermoz, Antoine de Saint Exupery, Henri Guillaumet. En 1925, la première liaison postale est réalisée entre Toulouse et Dakar. 

Mais c'est aussi la fin des pionniers et le début d’une ère industrielle.
1937 : La Société Nationale de Constructions Aéronautiques du Midi (
SNCAM) est fondée.
1938 : L'Etat force
Dewoitine vers SNCAM tandis que Latécoère garde son indépendance.
1939 : Les usines de Saint-Martin-du-Touch sont fondées. 

Des dates :
 25 décembre 1918 : Toulouse-Barcelone
1919 : Toulouse-Casablanca
1924 : Toulouse-Dakar
27 mai 1927 : Lindbergh et l'Atlantique Nord
1929 : Rio-Santiago du Chili
12 mai 1930 : Mermoz et l'Atlantique Sud

Toulouse-Santiago du Chili :
13 000 km - 15 escales - 4 jours

La ligne :
1918 :  Lignes Ariennes Latécoère
1919 : Cie Gale Entreprise Aéronautique
1926 : Cie Gale AEROPOSTALE
Rachat par Bouilloux Lafont
1931 : Mise en liquidation
1933 : Air France

La disparition des hydravions de ligne, sa grande spécialité, a contraint le groupe Latécoère à définitivement abandonner la production d'avions et à devenir sous-traitant majeur de constructeurs.


Nationalisations de l'industrie aéronautique 
Jusqu’en 1936 : Constructions Aéronautique DEWOITINE
1936 : Gouvernement du Front Populaire : nationalisations par régions
1937 : SNCAM (Société Nationale de Construction Aéronautique du Midi)
1940-1945 : diversification des activités : gazogène, voiturettes, autobus, meubles…
1944 : SNCASE (Société Nationale de Construction Aéronautique du Sud Est)
1959 : SUD AVIATION
1970 : SNIAS (Société Nationale des Industries Aéronautiques et Spatiales)
1980 : AEROSPATIALE
2000 : AIRBUS GROUP
Les avions Dewoitine 

En 1920, Emile Dewoitine démissionne de chez Latécoère et crée sa propre société (SAD) à Toulouse, rue Lafayette. En 1921-1922, il crée le premier chasseur métallique et plusieurs planeurs (pilote d'essai Marcel Doret). Entre 1921 et 1940, il créera 35 types d'avions différents. Il terminera sa carrière en Argentine.
Emile Dewoitine
Planeur P2 - Luchon - Super Bagnères - 1922



D520
2 250 commandés - 775 construits 
 Premier vol le 2 octobre 1938
Atteint 825 km/h
Equipe l’Armée de l’Air 
à partir de janvier 1940
Utilisés jusqu'en 1953

D33 - Avion des records - 1930-1931
“Avides de remporter le record du monde de distance en ligne droite, Marcel Doret, Joseph le Brix et le mécanicien René Mesmin vont tenter ensemble, par deux fois à l’été 1931, de rejoindre Tokyo au départ du Bourget avec le monoplan Trait d’Union II, un Dewoitine D33. La tentative du 11 juillet 1931 se soldera par un échec : après avoir parcouru 6 000 km, l’avion sera détruit suite à un atterrissage musclé en raison du givre, mais l’équipage sera indemne. Le 11 septembre, ils se lanceront dans une nouvelle tentative. Mais après avoir parcouru 3 000 km, le 12 septembre vers 4h du matin, ils vont être victimes d’un terrible accident. Alors qu'ils sont dans un épais brouillard, le moteur va s’arrêter, n’étant plus alimenté en essence et l’avion va se déséquilibrer, poussant les trois hommes à quitter l’appareil en parachute. Mais si Doret va réussir à sauter et aura la vie sauve, il n’en sera pas de même de Le Brix et Mesmin qui resteront dans l’avion, qui s’écrasera près d’Oufa.” Source : Air Journal   

Les succès technologiques se sont enchainés...  
L’hydravion Latécoère 631, la Caravelle, Concorde et la saga Airbus

Laté 28
50 exemplaires construits de 1927 à 1932
avion ou hydravion 8 passagers
Moteur Hispano Suiza de 600 CV
12 mai 1930 : L’Atlantique Sud Mermoz
Le 4 novembre 1942,  c’est le premier vol à Biscarosse du plus grand hydravion du monde, Latécoère 631, mis en service par la Compagnie Air France sur la ligne des Antilles pour permettre à la France d’être présente sur le réseau aérien international et raccourcir les distances entre la Métropole et les Antilles.

 


Laté 631 
10 exemplaires construits 
6 moteurs  
46 passagers et 14 membres d’équipage
 Fin de service : 1955 après plusieurs accidents





Le 27 mai 1955, la Caravelle SE210 effectue son premier vol dans le ciel toulousain. L’avion que le général de Gaulle va bientôt adopter pour tous ses voyages officiels est l’œuvre de Sud-Aviation, qui deviendra l’Aérospatiale.

   La Caravelle
      282 avions construits
     80 à 130 passagers
     Exploitée par plus de 100 compagnies
      En service de 1955 à 2005
     Mission de 1 600 à 3 400 km
     Certification atterrissage tout temps

Le 2 mars 1969, nouvel évènement, toujours au départ de l’aéroport de Blagnac : André Turcat s’installe aux commandes du Concorde, le premier supersonique de transport commercial. Le monde entier nous envie le bel oiseau blanc, merveille de la technologie. Sur cette lancée, l’Europe, alors à six, décide d’unir ses forces. C’est la naissance d’Airbus, dont le siège mondial est installé à Toulouse.

Le Concorde
1968 : 74 commandes
20 avions construits
100 passagers
1976 : liaison Paris – Rio
1977 :  Paris – New York en 3h30 (Mach 2)
2003 : arrêt définitif d’exploitation



Aujourd’hui, seul Airbus rivalise à armes égales avec son concurrent 
Boeing en termes de commandes et de livraisons. 
Répartition de la production industrielle - Airbus A330
Les points forts de cette réussite tiennent plus à la capacité d’orga-nisation industrielle d’un consortium de plusieurs nations et dans l’intelligence d’une gamme parfaitement pensée et maitrisée : la famille Airbus A300, A319, A320, A330, A340, A350 et le A380 avion de tous les superlatifs, géant des airs, connu de tous les Toulousains.


Sur les 53 000 employés qui travaillent pour Airbus, 15 000 sont basés à Toulouse. Midi-Pyrénées peut s’affirmer comme le pôle leader européen pour l’aéronautique civile. En avril 2005, le premier vol du géant des airs, l’A380, en a été une nouvelle preuve éclatante. Midi-Pyrénées regroupe le quart du potentiel de recherche aéronautique français. Enfin, la région dispose d’un très large éventail de formations spécialisées dispensées par de grandes écoles d’ingénieurs : SUP AERO, ENSICA, IPSA, l'ENAC ; mais aussi par des lycées et des centres de formation et d’apprentissage. 

En conclusion, et grâce à Michel, « Les Livres et les Idées » savent maintenant pourquoi O Toulouse”, à Blagnac nos avions sont plus beaux… 


Vidéos :
Bibliographie :
  • Toulouse des avions et des hommesMidi Pyrénées Patrimoine
  • Toulouse terre d’envol (2 tomes) – Georges Baccrabere
  • Rêves d’avions – Jean Dieuzaide