Exposition “Picasso, horizon mythologique”
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En préparation à la sortie au Musée des Abattoirs, Diana nous a rappelé la biographie de Pablo Picasso et détaillé la sculpture Les baigneurs de la salle 10, Monique nous a décrypté le fameux rideau de scène La Dépouille du Minotaure en habit d'Arlequin de la salle 9 et Emma nous a présenté la série des tableaux de bord de mer de la salle 8 et Deux femmes courant sur la plage (Dinard – 1922) qui ne fait pas partie de l'exposition.
• Depuis 1918, série de tableaux sur la plage suite à séjours à Biarritz, Dinard, Cannes.
• Coopération avec les Ballets russes (décors, costumes).
• Etude des corps en mouvement, en statique, transformation des corps par la danse.
• Libération du carcan moral et bien pensant: « Années folles ».
• Grande émulation créatrice dans le monde des arts et des spectacles: rencontre avec des hommes brillants et de talent.
• La plage est un espace théâtral, une scène pour trois acteurs : le(s) modèle(s), le peintre et l’œuvre.
• Vision du monde adoucie, insouciance heureuse, émulation créatrice.
• Les cheveux et les vêtements flottent au vent, les bras sont tendus en avant, course effrénée.
• Sentiment de liberté, d’affranchissement, joie enfantine.
• Corps monumentaux mais déformés pour donner le mouvement, influence des statues antiques vues à Rome lors du voyage avec les ballets russes en 1917.
• La plage est un espace théâtral, une scène pour trois acteurs: le(les) modèle(s), le peintre et l’œuvre.
• Sable et vêtements neutres contrastent avec profondeur du bleu unissant ciel et océan.
Le jeudi 10 décembre, nous avons visité avec grand intérêt l'exposition avec nos guides personnelles : Monique et Emma. Leur conférence du 4 décembre nous a permis d'entrer plus facilement dans l'univers complexe de l'artiste. La plupart des photos de ce compte-rendu ont été prises par Claude durant la visite
Les Baigneuses et autres œuvres présentes à l'exposition
• Sujet récurrent suite aux voyages annuels au bord de mer.• Rares tableaux d’extérieur, paysage à peine dressé.• Etude des corps.• Des lignes droites, perpendiculaires occupant toute la scène,
avion au centre point de fuite d’une diagonale.
• Deux corps qui s’embrassent dans un moment de liberté sur plage déserte.
• Traitement radical du peintre : dents acérées, langues pointées, formes disloquées.
• Plage pacifique, bandes de sable et de ciel, cabine de plage, palette de couleurs limitée.
• Formes sculpturales, abstraction des corps dans une peinture dans laquelle on peut voir l’influence du surréalisme, exemple de la beauté convulsive chère à André Breton.
• Visions intérieures et recherches sculpturales
• Rappel des idoles cycladiques.
• Semble pleureuse annonçant le deuil et la mort.
• Fusion entre le corps schématisé et l’environnement enfermé dans une cabine de bain.
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Homme au masque, femme et enfant dans ses bras - 1936
Taureau et cheval blessé - 1921
Les Baigneurs – Cannes – Eté 1956.
Bronze – Fonderie C. Valsuani (cire perdue)
Pablo Picasso considérait la sculpture comme partie intégrante de son travail, constituant un véritable décor actif de sa vie quotidienne.
Pour célébrer le cinquantenaire de la mort de Cézanne, Picasso rend hommage au peintre aixois dans son premier groupe sculpté Les baigneurs. En effet, Picasso reprend les bras en équerre pour la figure de l’Homme fontaine en faisant référence au Grand Baigneur (1885) de Cézanne. De même, Le Baigneur aux bras écartés de Cézanne est réinterprété à travers La Femme aux bras écartés en lui donnant une même envergure spatiale.
Picasso affronte les problèmes que posent un groupe sculpté et sa disposition dans l’espace, ces six sculptures sont très individualisées mais elles fonctionnent en groupe, de la même manière que des Giacometti contemporains.
Tout commence par un bricolage, l'utilisation de ce qui se trouve sous la main de l'artiste pour l'asservir à ce qu'il voit. En septembre 1956, peu après avoir fini ses Baigneurs en bois, Picasso exécute un dessin. Il perche deux personnages sur un édicule qui ressemble à un plongeoir, deux autres sur une espèce d'estrade.
Les Baigneurs sont disposés sur un même plan horizontal, mais un an plus tard dans son tableau Les Baigneurs à la Garoupe (Antibes) deux niveaux sont facilement discernables.
Picasso avait codifié le modèle scénique. Les deux figures de gauche sur un socle surélevé pour signifier un plongeoir, l’Enfant et l’Homme fontaine au niveau du sol, et les deux figures de droite sur un autre socle pour évoquer un promontoire. L'histoire de la version en bois et de la version peinte des Baigneurs à la Garoupe raconte la méthode de Picasso.
C'est pour célébrer la victoire du Front Populaire en 1936 que Jean Cassou demande à Picasso de réaliser un grand rideau de scène (3 m x 25,8 m x 30 m) pour la pièce de théâtre de Romain Rolland 14 juillet. C'est avec l'aide de son ami Luis Fernandez qu'il décide d'agrandir une petite gouache dont la thématique s'inspire du surréalisme : La dépouille du Minautore en habit d'Arlequin.
Les personnages hybrides, Minotaure (corps d'homme surmonte d'une tête de taureau) et Horus (personnage à tête de rapace) renvoient aussi bien aux mythologies grecques, égyptiennes ou perses (Mithra) qu'a la tauromachie ou au monde du cirque (Arlequin).
Comment décrypter l'iconographie si complexe de ce rideau ?Le Minotaure, mort en habit d'Arlequin (Picasso) est soutenu par la figure du Dieu solaire égyptien. Face a lui, un homme barbu (encore Picasso) affublé d'une dépouille de jument (Marie-Thérèse Walter qu'il est en train de quitter) les menace. Il porte sur ses épaules un adolescent androgyne couronné de fleurs (Dora Maar, sa nouvelle compagne).
La scène se déroule dans un paysage désolé de bord de mer avec une ligne d'horizon assez basse. La gamme chromatique (bleu, rouge et ocre avec des rehauts de blancs) et le tracé du dessin évoquent le style de la période bleue. Ce rideau de scène est une sorte de synthèse qui condense toutes les recherches stylistiques et iconographiques de l'artiste en cette période d'entre deux guerres.
Peu de rapport semble-t-il avec la pièce de Romain Rolland qui célèbre la victoire du peuple et la prise de la Bastille. On peut émettre l'hypothèse que l'affrontement entre les deux groupes de personnages évoque l'opposition entre le progrès et l'obscurantisme ou entre les forces du Bien et du Mal (il réalisera Guernica l'année suivante).
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Ecouter l'entretien avec Denis Milhau